Fantasy - John Marco - Des Tyrants et des Rois

Trilogie des Tyrans et des Rois - John Marco

Le Chacal de Nar

Le combat fait rage dans la vallée du Drang en Lucel-Lor. Richius Vantran, envoyé par son père servir les interêts de l'empereur commande une troupe dans un conflit qui a déjà trop longtemps duré et dont il ne comprend finalement pas grand chose...
Le Chacal de Nar, premier tome de la trilogie "Des Tyrans et des Rois" ainsi que le premier roman de John Marco est tout simplement excellent : une fois la première page entamée, il vous sera difficile de vous extirper de ce livre. Parole véridique.
Un des meilleurs côtés du Chacal de Nar est sans aucun doute son imprévisibilité : on peut imaginer mille choses qui vont arriver, il en sera forcément autrement : les surprises arrivent à un rythme soutenu et des personnages meurent au détour d'une page. Au final, on en arrive à se retrouver avec moins de la moitié des personnes principaux du début de l'histoire.
Prière de ne pas s'attacher aux héros, surtout féminin, car dans un univers moyennageux de viol et de torture, elles ne font pas long feu et leurs morts sont souvent atroces ( Sabrina, la petite fille et Dinadin)
Cette caractéristique est renforcée par une intrigue des plus complexes, ambition et complots politiques, recherche du pouvoir et de bonnes faveurs sont monnaie courante dans un monde où s'affrontent des royautés dominées par un empereur, plus mort que vivant. En ce qui concerne les personnages, ils ont été l'objet d'une recherche visiblement poussée, chacun possèdant une personnalité qui lui est propre et qui n'est pas nécessairement pur, loin s'en faut. Mauvais et moins mauvais expriment donc au travers de la plume de John Marco diverses émotions, le poids des choix étant le plus représenté. Les différents protagonistes sont en effet soumis à diverses options, plus ou moins importantes, qui changent radicalement le cours de l'histoire et ajoute à son caractère surprenant. Souvent on en arrive à maudire les choix des héros qui ne sont pas forcément les nôtres.
Le Prince Richius Vantran en est l'exemple parfait, poussé d'un côté par un père désireux de ne pas tomber en disgrâce auprès l'empereur de Nar et de l'autre par son dégout pour la cause qu'il défend.
Son amour pour une triine lui fera prendre des risques inconsidérés pour aller la sauver, trahissant ainsi le puissant empereur de Nar. Se rangeant du côté des autres "par" amour de sa triine, il organisera la défence de Lucel-Lor (fantastique bataille d'un point de vue narratif), on arrivera à pousser des cris de joie intérieurs à la victoire de Richius, ternie néanmoins par de nombreux cadavres.
Le monde est un univers fantastique classique, peu original malheureusement comme beaucoup de romans de fantasy "guerrière" mais assez bien décrit au travers des différentes figures. Le style de l'auteur, lui, souffre d'une certaine pesanteur, de phrases parfois alambiquées mais cela ne fait qu'ajouter de la lourdeur à l'atmosphère oppressante qui entoure Richius. Donc ne gâche en aucun cas la narration ou si peu.
Certains verrons dans ce livre une ressemblance avec le cycle de George Martin pour les intrigues et les morts (récurrentes) des personnages auquels on s'attache.
Bref, le Chacal de Nar est une excellente lecture, qui plaira sans doute au amateur de grands combats épiques et aux novices qui désireraient s'aventurer dans la fantasy...

Le Grand Dessein

Le Grand Dessein, second tome du cycle des Tyrans et des Rois égale le premier en qualité.
On retrouve encore une fois un excellent scénario même si on y trouve quelques petites faiblesses que l'on pardonne bien vite (le cas des corbeaux de Enée par exemple). L'intrigue est profonde, elle comporte toujours autant de machinations, complots, retournements de situations et autres surprises, elle est toujours aussi inssaisisable et imprévisible. Une continuité du premier tome.
Mais ce qui fait la grandeur de ce livre sont les personnages. Les différents protagnistes sont en effet ce qui fait le livre, ils en sont l'essence même.
Tous sont uniques, il n'y en a pas un qui pense comme l'autre. Tous agissent selon des ideaux diférents et tous ont une personnalité un tant soit peu changeante.
Ainsi l'Archevêque Herrith aux mains pleines de sang de ses victimes massacrées au nom de Dieu qui est pris de remords et le comte Biagio qui doute du bien-fondé de sa traque du Chacal de Nar, ces deux personnages sont sans aucun doute les plus aboutis du Grand Dessein. Ils en constituent d'ailleurs les personnages centraux, dommage qu'un mourra.
On retrouve comme toujours des combats mais dans une dimension beaucoup moins importante : il s'agit tout le temps de combats dont le vainqueur est désigné à l'avance. Cette "absence" de véritable bataille permet de donner la part belle au reste à savoir la vengeance tant désirée du Chacal et le Grand Dessein du comte doré.
Le monde est lui légèrement moins développé par rapport au "Chacal de Nar". On découvre les cent îles de Liss et la personnalité vengeresse de ses fiers marins ainsi que le domaine du comte Biagio mais ça reste léger, peu développé pourtant il y a beaucoup de potentiel dans le monde créé par John Marco, assez différent de ceux d'autres romans de Fantasy.


Les Saints de l'Epée

L'histoire pleine de rebondissements et d'intrigues complexes de la trilogie des tyrans et des rois de John Marco prend fin- trop tôt- dans une apothéose de combats et de passions avec ce dernier volume.
Le contexte des saints de l'épée a radicalement changé par rapport aux livres précédents car désormais ce n'est plus le machiavélique empereur Biaggio qui est l'Ennemi en raison du changement opéré en lui suite au sevrage de la drogue de Bovadin. C'est désormais le père fou de Boisnoir Gayle, Tassis Gayle de Talistan, qui a l'insigne honneur de prendre ce rôle sans grande finesse.
Le petit point négatif dans ce troisième tome est justement ce changement de rôle car à la place d'un ennemi consistant et très bien travaillé comme Biaggio nous avons Tassis Gayle, un fou sanguinaire aux motivations peu crédibles. C'est d'ailleurs dommage pour la crédibilité, toujours constante jusqu'à ce moment.
Malgré cela, une fois de plus avec les écrits de John Marco on reste bouche bée par la cascade d'évênements en crescendo, pour aboutir à une gigantesque lutte au niveau mondial que l'auteur nous fait découvrir petit à petit avec un art qui démontre son talent du suspense. Le scénario, complexe à souhait est vraiment prenant.
Au niveau des personnages, que ceux qui ne supportaient pas les crises de colère de Richius Ventran se rassurent car ici le chacal de Nar occupe un rôle secondaire au profit du retors empereur Biaggio( le plus réussi de la série) et du bâtard Alazian Leth, détenteur de la magie de Lucel Lor.
Le changement de style de narration qui déplace le centre d'intérêt du lecteur est plaisant car de cette manière le scénario est vu sous un angle plus large, qui permet de mieux l'appréhender, tout en mettant l'accent sur la nouvelle personnalité de Biaggio qui n'amoindrit en rien son génie des intrigues.
Enfin, l'auteur nous entraîne dans un scénario très bien construit pour former une toile de fond où la tension ne retombe pas une seule fois.
Les amateurs de livres aux personnages complexes et intéressants avec de nombreuses luttes de pouvoir aux stratégies bien développées peuvent acheter ce livre les yeux fermés. Pour ma part, je suis conquis par la série, particulièrement par les saints de l'épée qui la clôt de manière magistrale.
Une des plus belles trilogies de la Fantasy qui est très semblable au Trône de Fer de George Martin sans pour autant lui être son inférieur ou aux Royaumes d'Epines et d'Os (ce dernier lui étant inférieur par le peu de description empêchant le fait de se transporter dans l'univers de Keyes). Si ici les personnalités ne sont pas tout aussi maléfiques et travaillées que celle du nain Tyrion (quoique Biagio n'est pas loin de lui) , les batailles, les protagonistes voire même les complots de Marco sont en revanche plus détaillés et nettement plus passionnants.
Grand coup de coeur.


-Lp Boss-