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 Philosophie - L'épicurisme

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Lp Boss
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Lp Boss


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Philosophie - L'épicurisme Empty
MessageSujet: Philosophie - L'épicurisme   Philosophie - L'épicurisme Icon_minitimeJeu 5 Avr - 14:06

I) Vie d'Épicure (347-270)

Il est né à Samos d'un père maître d'école et d'une mère qui aurait purifié les maisons par des cérémonies magiques, ce qui aurait fortifié l'adolescent dans sa haine des superstitions. Il vécut à une époque où les hommes, désemparés par les bouleversements du monde grec (domination macédonienne, conquêtes et mort d'Alexandre) et la disparition des cadres traditionnels de la cité, demandaient à la philosophie de nouvelles règles de vie. L'épicurisme, comme le stoïcisme, va s'efforcer de répondre à ce besoin, de rassurer, d'apaiser.
Deux autres facteurs vont inciter le jeune homme à se lancer dans la philosophie : à 14 ans, il aurait été particulièrement irrité contre son maître d'école, incapable d'apporter des réponses valables aux questions de son élève ; au fur et à mesure qu'il prit connaissance des autres systèmes philosophiques, il aurait senti en lui le besoin croissant d'apporter ses propres réponses, aucune des autres ne le satisfaisant.
À partir de 307, il passa la plus grande partie de sa vie à Athènes, où il enseigna la philosophie dans son fameux "jardin", fondé en 306. Devenu riche grâce aux dons de ses disciples, il mourut à 70 dix ans, après avoir supporté de nombreux maux, dont la mort de son élève favori, Métrodore. Il écrivit beaucoup (environ 300 ouvrages, dont en particulier le Traité de la Nature, en 37 livres), mais presque toute son oeuvre est perdue. Nous le connaissons surtout grâce à Lucrèce qui exposa sa théorie dans son oeuvre personnelle.
Son école était ouverte à tous, même aux femmes, même aux hétaïres (affranchis) et aux esclaves. Il reconnaît donc à l'esclave la capacité de philosopher, mais cela reste valable uniquement dans le cadre restreint de l'école. Il s'agissait d'une sorte de vie en communauté dans un austère retrait du monde ; solidarité et amitié sont les piliers de l'école et les piliers de son système éthique. Or, sa vie communautaire et son hédonisme philosophique, dont les aspects graves étaient ignorés, lui valurent des railleries et des accusations de débauche. Des légendes hostiles à l'épicurisme présentent la secte comme une portée e pourceaux, vautrés dans la jouissance;. entouré de prostitués des deux sexes, Épicure, développant une morale du plaisir, aurait vécu en glouton vomissant deux fois par jour.

Épicure sera donc avant tout soucieux de morale : il veut conduire les hommes sur la voie de la sagesse qui doit pouvoir être atteinte en se fondant sur l'évidence des sens, en éliminant et la superstition et la croyance en une intervention surnaturelle. D'où la nécessaire explication de la formation de l'univers.


II) L'univers

Comme tous les philosophes anciens, il lie ses principes moraux à une explication de l'univers. Peu physicien, il emprunte à un philosophie antérieur, Démocrite, sa théorie matérialiste, l'atomisme, quitte à la modifier sur certains points lorsqu'elle est incompatible avec son projet de moraliste.
Pour Épicure, l'univers est formé d'un nombre infini d'éléments matériels indestructibles, les atomes (du grec "atomos" : qu'on ne peut pas diviser). Ces atomes tombent verticalement dans le vide, également infini (ce qui présuppose que la Terre est plate !), mais ils sont capables de modifier légèrement leur trajectoire ; cette déclinaison, le clinamen, ajoutée par Épicure à la physique de Démocrite, offre le double avantage d'expliquer certaines rencontres d'atomes, c'est-à-dire la formation des corps (il existe des atomes et des agrégats ou ensembles d'atomes) - car si les atomes tombaient parallèlement, à une vitesse uniforme dans le vide, ils ne se rencontreraient jamais - et d'introduire dans l'univers un principe de liberté, jugé par Épicure indispensable à la morale (l'atome est seul cause de sa propre déclinaison).


III) Conséquences de ces principes

1. Les dieux et la religion

L'univers n'est pas une création divine. Les dieux existent et sont semblables aux hommes en ce qu'ils sont aussi des agrégats d'atomes, mais ils sont immortels parce que formés d'atomes extrêmement subtils qui, une fois réunis, ne peuvent se dissocier. Les dieux, enfin, sont anthropomorphes parce que c'est la forme existante la plus belle !
Les dieux vivent dans des intermondes, sans se soucier de l'humanité ; il est donc inutile de les prier et absurde de les craindre. Ils jouissent d'un bonheur parfait grâce à l'harmonie parfaite de leur constitution et à l'absence totale, en eux, de passions. Cet état d'ataraxie (absence de trouble) est celui que le philosophe doit s'efforcer d'atteindre.

2. Nature et condition de l'homme

Les hommes sont, corps et âme, des agrégats d'atomes matériels.
Ces agrégats se déferont un jour et leurs éléments iront s'associer à d'autres éléments pour former d'autres corps. La mort n'est rien d'autre que cette désagrégation. L'homme, ramené à l'état d'atomes dissociés, se trouve, après la mort, dans la même situation qu'avant sa naissance et ne souffre pas davantage. Il faut donc bannir la crainte de la mort et d'un châtiment dans un au-delà qui n'existe pas.

3. L'homme et le monde : la connaissance

L'homme peut atteindre la connaissance par la sensation. Les sens sont touchés directement, physiquement, par les simulacres des objets, sortes d'émanations très ténues de ces objets dont ils ont toutes les caractéristiques (forme, couleur...)
Un autre critère de vérité réside dans les affections et les prolepses (ou anticipations), sorte de généralisations possibles à partir d'expériences personnelles.
L'âme, mortelle, est composée de 4 éléments, correspondant plus ou moins au feu, à l'air, au vent et à un quatrième, plus subtil et mobile. On peut y distinguer deux parties : l'une est liée au corps et aux sensations ; l'autre, indépendante, permet d'exercer la volonté et de choisir, parmi les simulacres, celui qu'on privilégie pour atteindre à la connaissance : il existe donc un principe de liberté, qui se manifeste par ce choix. Cette division de l'âme en deux parties permettra aussi de distinguer deux sortes de plaisir et de souffrance : ceux qui sont liés directement au corps et ceux qui sont attachés à l'âme.

4. La morale

Le plaisir, sensation procurée au corps et à l'âme par l'équilibre parfait des atomes qui les constituent, est le souverain bien. C'est donc le plaisir qu'il faut rechercher. "Nous disons que le plaisir est le commencement et la fin du bonheur". Pour Épicure, le plaisir s'identifie donc au bien , car il est dans la nature de l'home de rechercher le plaisir. La douleur qui est un dérangement de l'état naturel, est provoquée par un désir insatisfait, or l'on ressent du plaisir lorsque l'état naturel est recouvré.

Mais pour tenter d'atteindre le bonheur, l'homme peut être poussé par trois types de désirs qu'il convient de distinguer :
- les désirs naturels et nécessaires : ce sont les seuls qui débouchent sur le véritable plaisir (par exemple, étancher sa faim ou sa soif) ;
- les désirs naturels mais non nécessaires (par exemple, l'envie d'un plat raffiné) ;
- les désirs ni naturels ni nécessaires (par exemple, le désir de richesse).

Seule la satisfaction des désirs de la première catégorie apporte le vrai plaisir, qu'on appelle "plaisir constitutif". Ceux de la seconde peuvent être satisfaits de temps en temps ; ceux de la troisième doivent bannis !
De même, il ne faut pas systématiquement écarter la douleur, qui, dans certains cas, peut être la voie nécessaire vers le plaisir et donc vers le bonheur.

5. Le philosophe et la cité

Pour Épicure, la philosophie a deux objets principaux : une enquête sur la génération, la mort et la nature ; une étude de ce qu'il faut rechercher et fuir. Voilà qui laisse peu de place à la politique. La liberté qu'elle proclame est illusoire; Les affaires de la cité sont en vérité réglées par des rois tout-puissants. Épicure reconnaît cependant l'importance du lien social. Il assure pour le bien de tous l'ordre, mais il a un caractère conventionnel. La loi n'existe entre les hommes que pour les empêcher de se nuire réciproquement. La justice témoigne de ce pacte de non-agression auquel les citoyens souscrivent. Reste que la participation à la vie politique est dangereuse, car elle implique de s'engager dans des luttes de pouvoir. Le sage ne doit y prendre parti qu'en une seule circonstance : lorsque l'existence même du corps social est menacée. Comme le prescrit une des maximes capitales, "la sécurité la plus pure naît d'une existence paisible à l'écart des multitudes". Selon le modèle épicurien, seule compte vraiment la communauté d'amis qui se sont choisis et qui partagent les mêmes valeurs.

Comme l'épicurisme rejette la satisfaction née de la réussite sociale, qu'il juge artificielle, au même titre que l'activité politique et militaire, les Romains ont à leur tour rejeté cette philosophie trop contraire à leurs propres valeurs, qui privilégient largement le negotium au détriment de l'otium.
Cette philosophie a été jugée pernicieuse, ses adeptes méprisés, leurs oeuvres objet d'une sorte d'ostracisme. La pensée épicurienne a d'abord été introduite à Rome dans la première moitié du IIème siècle, puis les épicuriens furent expulsés. Par la suite, l'influence épicurienne s'est répandue, et sa diffusion devint assez large au premier siècle avant J.C. Mais cette philosophie s'est toujours heurtée à l'incompréhension d'un certain nombre ; le poète Horace y contribua en se dépeignant lui-même comme "un cochon de la porcherie d'Épicure" ! Puis les premiers Chrétiens firent en sorte qu'on "oublie" l'épicurisme, philosophie matérialiste qu'ils prirent logiquement en horreur. Il faudra attendre la Renaissance et le XVIIIème siècle pour que l'épicurisme suscite à nouveau l'intérêt...

-Lp Boss-
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