Introduction
Le Grand œuvre est, en alchimie, la réalisation de la Pierre philosophale, de la Pierre philosophale en poudre, dite « poudre de projection », ou de l'élixir philosophal, teinture active aux mêmes propriétés que la pierre.
Cette pierre ou cet agent est susceptible de transmuter les métaux, de guérison infaillible (panacée), et d'apporter l'immortalité. À la base de la théorie de l'existence d'une telle pierre, il y a la tradition alchimique qui veut que les métaux divers soient, dans le sein de la Terre, en lente maturation pour aller vers l'état métallique idéal, l'or. Le Grand Œuvre est ainsi l'accélération de cette maturation, par le recours à l'agent actif de cette évolution. Isoler ce principe d'évolution (ou de transmutation) conduit à posséder sous forme stable (pierre) le principe capable d'apporter vie, perfection et réalisation dans les corps impurs.
Tous les corps, selon cette tradition, sont composés d'un soufre (principe physique) et d'un mercure (principe spirituel), en diverses proportions. Cette vision prévalut jusqu'à René Descartes, qui nia que la matière renferme de l'esprit, mais c'est Antoine Lavoisier qui fit le plus pour l'enterrement de l'alchimie, quoi que ses recherches aient encore étées empreintes de la terminologie et de certaines visions alchimiques (le mot alchimie vient de l'arabe Al Kemya, lequel vient lui-même du grec).
Principe
L'opération alchimique du Grand Œuvre connaît de nombreuses et difficiles étapes pour séparer le soufre du mercure depuis la materia prima. Si l'on réduit totalement le soufre en en ôtant son mercure, bref si l'on retire toute vie de la matière, on obtient un sel, plus bas stade de l'expression physique. On comprend par là que le soufre est aussi composé d'un peu de mercure. Le mercure lui aussi doit être compris dans un sens essentiel, symbolisant le receptacle du feu divin, qui est aussi l'intelligence divine (spiritus), le principe de vie ou l'Énergie universelle (prâna, Ka, Ki, etc.).
La littérature et l'iconographie (très détaillée, parfois une sorte de « bande dessinée » codée) alchimiques donnent évidemment bien des détails sur le solve et coagula, la respiration du travail, ou les étapes rubedo, albedo, nigredo (œuvre au rouge, au blanc et au noir). Ces données se compliquent du fait qu'elles sont cryptées, réalisées en jargon, incomplètes ou même délibérément faussées.
Quelqu'un a t-il déjà réalisé le Grand œuvre ? Dans l'Histoire, de nombreux personnages l'ont affirmé, dont Nicolas Flamel et Cagliostro.